Drôle de pharmacie

Suite à un article du Parisien, nous avons voulu savoir comment fonctionnait la pharmacie du Centre Hospitalier Intercommunal du Sud Aveyron à Luc-Primaube.

Pour cela, nous sommes allés à la rencontre du docteur Michel Roumieux, pharmacien. Entouré de ses assistantes et de son équipe, il nous a fait visiter les locaux, avant de nous donner les clés pour nous faire notre propre avis sur les médicaments vendus au sein de la pharmacie.

Le Dr Roumieux

Le docteur Michel Roumieux est pharmacien depuis plus de 16 ans. C'est un métier qu'il exerce depuis 17 ans, avec une petite interruption entre 2006 et 2008.

Cela fait 17 ans que je travaille dans la pharmacie, et je crois que je suis pharmacien de famille car c'est mon père qui m'a appris le métier et qui me l'a transmis de génération en génération. Je n'ai pas choisi le métier que je fais, il m'a choisi à travers moi. C'est mon métier, je le fais et j'apprends tous les jours à chaque prescription.

Je pratique les ordonnances, j'accueille le patient avec bienveillance et j'aide à résoudre son problème. Je ne suis pas un technicien ni un médecin. En tant que pharmacien, il s'agit pour moi de respecter les règles du code de la santé publique.

Certains patients ont besoin de médicaments ou d'ordonnance qu'ils ne trouvent pas ailleurs car ils habitent à côté du centre hospitalier, ou qu'ils sont dans des zones où il n'y a pas de pharmacies ouvertes. C'est pour cela que nous sommes là.

Je travaille à l'accueil de l'hôpital, je prends les rendez-vous de consultation, j'achète les médicaments prescrits par le médecin, je fais les analyses médicales prescrites par le médecin...

Je passe beaucoup de temps au téléphone, avec les patients qui souhaitent avoir une ordonnance, ou des médicaments prescrits en dehors des heures de consultation, ou des médicaments que je dois acheter, j'appelle les pharmacies et je les appelle pour faire des achats pour l'hôpital, ou j'envoie les médicaments aux médecins.

J'ai des permanences sur la semaine et le week-end. Nous travaillons avec toutes les pharmacies du département.

Je n'ai pas de particularité qui serait exceptionnelle dans la pharmacie que je fréquente, je crois qu'il y a des pharmacies qui ont des habitudes particulières. Ce n'est pas la mienne, je n'en ai pas particulièrement.

C'est un métier qu'on apprend toute sa vie.

Le plus souvent on me dit que les patients sont contents de mon travail. Il m'arrive de les déranger, je ne suis pas un pharmacien qui attend un coup de fil à 17 heures.

Je fais la totalité de mes achats pour l'hôpital. Il m'est arrivé de commander des médicaments pour le personnel.

Je ne suis pas un pharmacien qui achète les médicaments, je suis un pharmacien qui travaille dans un hôpital.

J'ai un grand choix, c'est pour ça que les patients viennent aussi me voir, pour que je les aide à avoir les médicaments qu'ils ont besoin. Cela fait partie de mon travail, mais j'essaye aussi de les faire connaître.

Je prends toujours le temps d'aller voir les patients avant la prescription et de vérifier les ordonnances. Je demande toujours aux patients ce qu'ils souhaitent, s'il a besoin d'un médicament en particulier, je n'achète jamais des médicaments qui ne sont pas sur ordonnance.

Il existe un lien très fort entre la pharmacie et le médecin. Je me souviens d'un de mes premiers patients. Il était hospitalisé pour une tumeur au cerveau, il ne savait pas qu'il avait un cancer, je l'ai tout de suite pris en charge. Cela m'a permis de travailler avec le docteur Roumieux. Il m'arrive encore de le prendre en charge pour une consultation.

Il arrive aussi que les patients viennent me voir, et me demandent pourquoi je n'ai pas acheté tel ou tel médicament, je leur explique mon choix. Je ne sais pas si cela fait partie de mon travail, ce n'est pas le métier de la pharmacie, mais ce sont des moments où j'interviens en tant que conseiller.

On me dit parfois que je suis désagréable, mais ce n'est pas vrai. C'est un métier que j'aime, cela fait 16 ans que je suis pharmacien. C'est un métier que j'aime, je l'aime.

Je pense qu'il existe des gens qui ne trouvent pas leur bonheur dans ce métier, qui ont besoin d'un métier plus administratif.

C'est vrai qu'il y a une grande solitude de la part de certains médecins, on a l'impression que les pharmaciens ne servent à rien, qu'ils ne sont pas utiles. Moi j'essaie de les aider à faire le mieux possible.

Je pense que le métier de pharmacien est très important. On est dans un métier très particulier. On ne peut pas dire que c'est un métier qui ne sert à rien, si on veut, on peut travailler à n'importe quel poste dans la vie, mais on n'est pas pharmacien. On peut être médecin et ne pas être pharmacien. Il y a des gens qui font des choses plus administratives que les pharmaciens : faire des analyses de sang, des radios, faire des prélèvements, c'est vrai, c'est un métier qui sert à rien, mais il est très important, très précieux pour le patient.

L'aventure humaine

, c'est ce que je préfère. Je travaille avec des patients de tous les âges.

J'ai des patients qui ont plus de 60 ans, et ceux qui ont 20 ans sont aussi importants. Ce sont des moments privilégiés que j'attends, car j'essaye d'être avec mes patients depuis le début. Je n'ai pas peur de la maladie, je n'ai pas peur de la mort, je suis rassuré.

Même avec les plus jeunes et les plus jeunes, ce sont des moments privilégiés, je ne les mets pas de côté, j'essaye de les aider à avoir le moral le plus possible.

J'ai 29 ans, je suis marié, j'ai deux enfants et je suis à la tête d'une équipe de 12 personnes.

Je suis le seul médecin de l'équipe. On travaille très bien à deux. On n'a pas besoin de se prendre la tête.

L'autre jour, j'ai dû hospitaliser un patient, il est venu en consultation à 10 heures, à 17 heures, à 22 heures. Je lui ai acheté ses médicaments, il est venu me voir à 22 heures pour me demander un autre médicament, et il était 3 heures du matin, il m'a dit « J'ai besoin de mon traitement du matin ». Il était à 20 heures, il était très très fatigué, j'ai appelé une pharmacie, le pharmacien m'avait dit qu'il avait une ordonnance pour du tramadol, mais il n'y avait plus le comprimé qu'il avait. J'ai pris du comprimé, il est parti à 3 heures du matin. Je me suis réveillé à 12 heures, il était à 12 heures et je lui ai acheté du tramadol.

Le lendemain, j'ai reçu une lettre de la pharmacie où il était, il était à 16 heures. Le pharmacien a eu du mal à me répondre, il m'a dit « Je ne peux pas vous donner l'ordonnance ».

Je lui ai dit « Mais non, je ne sais pas pourquoi, vous pouvez me donner une ordonnance, je pourrais l'avoir le lendemain, vous ne pourrez pas me donner un comprimé de ce que vous avez acheté, j'ai du tramadol ». Le pharmacien m'a dit « Je n'ai pas le droit de donner du tramadol, ça ne fait pas partie de mes compétences ».

Je lui ai dit « Mais vous n'êtes pas mon médecin, vous êtes un pharmacien, vous avez acheté un médicament, et ce n'est pas à moi de le donner ».

J'ai appelé la pharmacie pour voir ce que je pouvais faire, et on m'a dit « Je ne peux pas vous donner un comprimé de ce que vous avez acheté ».

J'ai vu une lettre qui m'avait été envoyée, c'était une ordonnance pour du tramadol, j'étais très déçu, je ne comprenais pas ce qu'il s'était passé.

Le lendemain, j'ai reçu une lettre de la pharmacie où il était, il était à 17 heures, il était très très fatigué. J'ai pris du tramadol, il est parti à 2 heures du matin.

Je l'ai appelé, je lui ai expliqué ce qu'il s'était passé, il m'a dit « Vous n'avez pas le droit de me donner une ordonnance, je ne peux pas vous donner un comprimé de ce que vous avez acheté ».

Le lendemain, j'ai reçu une lettre de la pharmacie où il était, il était à 17 heures, il était très très fatigué, j'ai pris du tramadol, il est parti à 2 heures du matin.

Le lendemain, j'ai reçu une lettre de la pharmacie où il était, il était à 16 heures, il était très très fatigué, j'ai pris du tramadol, il est parti à 2 heures du matin.